Notre histoire
Érigé sur les vestiges de l’une des plus importantes usines textiles du siècle dernier, la Montreal Cotton Company, l’hôtel témoigne de l’héritage industriel qui a influencé la croissance de la ville de Salaberry-de-Valleyfield, en plus de jouer un rôle déterminant dans l’évolution des conditions de travail dans toute la province de Québec. L’architecture industrielle unique, les photos et autres objets historiques exposés dans nos murs témoignent de ce patrimoine historique.
Les architectes conçoivent des bâtiments monumentaux, qui s’apparentent à la structure d’un château médiéval avec des tours crénelées et des ponts qu’on doit emprunter pour se rendre aux moulins. La première section de l’usine est complétée en mars 1877, la dernière section est terminée en 1898. De l’équipement à la fine pointe de la technologie est importé de la Grande-Bretagne et l’usine produit sa première pièce de tissu en mai de la même année.
Divers noms servent à identifier les filatures. La Old Montreal Mill est surnommée « La Vieille » par les employés parce que c’est la première à être érigée. Le bâtiment plus au sud devient la « South Mill », tandis que le bâtiment de « La Louise » porte ce nom en l’honneur de la fille de la reine Victoria. Le bâtiment « L’Empire », est un hommage à l’Angleterre. Enfin, le dernier bâtiment à être construit sera nommé « La Gault », en l’honneur d’Andrew F. Gault, un des fondateurs et le président de la compagnie.
De nombreux employés immigrants arrivent pour travailler à la Montreal Cotton de Valleyfield; ils proviennent principalement de l’Angleterre, de l’Écosse et de l’Irlande. Les filatures de coton ont vu le jour en Angleterre; de nombreuses techniques et machines y avaient été développées; on y avait aussi établi des écoles de métier. La compagnie recrute les anglophones des îles Britanniques parce qu’ils possèdent l’expérience et les qualités pour assurer la gestion et faire fonctionner les machines de l’usine. Les Canadiens français constituent pour leur part une bonne main-d’œuvre travaillante. Fait non négligeable, les investisseurs pratiquent le favoritisme culturel et confient les emplois de direction et ceux qui payent le mieux à leurs compatriotes.
Si tous les cadres ou presque sont anglophones et ne parlent que l’anglais, ce ne sont pas tous les anglophones qui sont cadres. Un certain nombre d’entre eux occupe des emplois dans les usines à titre de fileur, de tisserand ou de mécanicien. Toutefois, ils se mélangent rarement à la population francophone locale. Cette situation crée des tensions et quelquefois des confrontations entre les plus jeunes, mais en général chacun reste de son côté et s’ignore.
La langue de travail est fortement dominée par l’anglais que l’on tente de franciser. On incorpore directement dans le vocabulaire le nom des machines comme la « strapeuse » (machine qui ferme les boîtes de marchandises) ou encore l’action, telle « wivé » qui signifie « weave » ou « tisser ». On contracte des mots tels que « factory » (« factri »), « Empire » (« l’empy »), ou « Dominion Textile » (« Dompi ») pour parler du lieu de travail.
En ces débuts d’industrialisation, ce sont les filatures qui établissent les salaires et les horaires de travail. Pendant de nombreuses années, les enfants travaillent près de leurs parents et l’employé est formé « sur le tas ». Les travailleurs passent ensemble entre 8 et 12 heures par jour. À une certaine époque, c’est 50 % de la population de Salaberry-de-Valleyfield qui travaille à la Montreal Cotton.
La Montreal Cotton de Valleyfield investit très tôt dans les infrastructures culturelles de la ville par la mise en place de loisirs structurés. Elle fournit divers services à la population et marque l’urbanisation de la ville en créant un quartier complet avec ruelles et maisons qu’elle loue à ses employés. Ce quartier possède deux particularités intéressantes : il serait le premier quartier de compagnie à être érigé dans la province et il est caractérisé par son architecture et son tracé tout à fait nouveau dans le Québec de l’époque.
Les employeurs veulent que leurs ouvriers soient bien logés et que leurs enfants puissent avoir accès à une certaine éducation. Vers 1905, la compagnie a construit près de 200 maisons, donné des terrains sur lesquels s’élèvent des églises, une école, un cimetière et des espaces verts. Bien qu’elle ait été baptisée officiellement sous le nom de Bellerive, cette partie de la ville de Salaberry-de-Valleyfield est connue sous le nom de Quartier des Anglais : presque tous les anglophones qui travaillent à l’usine habitent ce quartier. Les infrastructures culturelles créées par l’entreprise, comme le Moco Club, sont majoritairement utilisées par les anglophones. Les travailleurs canadiens-français n’ont ni le temps ni les moyens d’en être membres.
Contenu provenant de Le MUSO, Valleyfield